Les effets des polluants sur les récifs coralliens
Le 24 mai 2006,
par Prisco -
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Les récifs coralliens représentent l’un des types d’écosystèmes les plus menacés de la planète. Destruction directe (prélèvement de matériaux de construction, aménagement de ports...), effets des substances toxiques (métaux, hydrocarbures, polluants organiques persistants, pesticides, cyanures...), réchauffement de la planète : les activités de l’homme agressent les écosystèmes récifaux. Selon les chercheurs, 70% des récifs coralliens du monde sont soit quasi éteints, soit en danger de disparition !
Les récifs coralliens représentent l’un des types d’écosystèmes les plus menacés de la planète. Les écosystèmes récifaux sont tout d’abord détruits directement lors de prélèvement de matériaux de construction ou lors de l’aménagement de ports, de zones industrielles, de marinas qui accompagnent notamment le développement du tourisme balnéaire international.
Par ailleurs, les récifs coralliens reçoivent de nombreux sels minéraux nutritifs (phosphates et nitrates en particulier) et diverses substances toxiques via les eaux fluviales et estuariennes et les rejets d’eaux usées urbaines et industrielles. La circulation maritime générale, les rejets effectués par les bâtiments, les accidents de transport de composés chimiques dangereux et les pollutions liées à l’exploitation de gisements de pétrole off shore sont également sources de polluants toxiques. Les agressions chimiques peuvent aussi provenir du transfert de polluants atmosphériques dans les eaux marines, par la voie des précipitations, ou encore de l’usage, généralement clandestin, de cyanures pour la capture de poissons destinés à l’aquariophilie ou à la restauration.
Enfin, partout dans le monde, les récifs subissent les effets du réchauffement des eaux de surface consécutif aux changements climatiques globaux et - bien que pour l’instant le risque soit moins imminent - à l’accroissement du flux d’ultraviolets en surface de l’océan en raison de la dégradation de l’ozone stratosphérique.
Métaux toxiques, hydrocarbures, polluants organiques persistants, pesticides, cyanures... se retrouvent donc dans les eaux récifales du monde entier. Leurs conséquences écotoxicologiques ont été étudiées de diverse façon : si de nombreux travaux ont porté sur les effets du pétrole (notamment sur les conséquences des marées noires), beaucoup moins se sont penchés sur ceux des pesticides...
Certaines études ont montré que les hydrocarbures, les polluants organiques persistants, les pesticides ou les cyanures perturbent la fécondation et la fixation de certaines larves des polypes, entravant, de ce fait, le renouvellement des colonies et la restauration des récifs déjà dégradés par l’homme.
D’autres recherches ont révélé que les herbicides mais aussi les cyanures pouvaient provoquer le blanchissement des coraux en induisant l’expulsion par les polypes des zooxanthelles, ces algues unicellulaires vivant en symbiose avec le corail. En outre, à de plus faibles concentrations, parfois de l’ordre du micro-gramme par litre, des herbicides comme le diuron ou certaines triazines sont susceptibles d’inhiber la photosynthèse de ces algues symbiotiques.
En plus de leurs actions directes sur les coraux durs, les polluants toxiques rejetés dans les eaux récifales peuvent aussi agir sur d’autres habitats propres aux écosystèmes coralliens. C’est le cas en particulier de l’action des herbicides sur les peuplements végétaux des herbiers récifaux : diminution de l’activité de photosynthèse, durée de reconstitution allongée après une destruction, etc.
Enfin, l’action des polluants d’origine continentale sur les écosystèmes qui jouxtent les récifs, en particulier les mangroves, peut avoir des conséquences désastreuses pour les biocénoses coralliennes avec lesquels ils échangent une fraction de certains de leurs peuplements. En effet, les eaux des mangroves jouent le rôle de nurseries pour de nombreuses espèces de poissons et d’invertébrés récifaux de telle sorte que la dégradation de ces dernières a des conséquences néfastes pour les communautés récifales.
Les chercheurs estiment à l’heure actuelle que 20 % de la totalité des récifs coralliens du monde sont déjà détruits ou extrêmement dégradés ; que 24 % d’entre eux sont en risque immédiat d’éradication et que 26 % supplémentaires sont en danger à plus long terme. Ainsi, au total, 70 % des biomes récifaux du globe sont soit quasi éteints, soit en danger de disparition.
Il existe aujourd’hui encore un immense besoin en recherche sur l’écotoxicologie des récifs coralliens, plus particulièrement afin de mieux évaluer les conséquences écologiques de leur pollution par des substances toxiques sur la structure et le fonctionnement de ces écosystèmes et de mettre en œuvre les mesures de préservation qui s’imposent en toute urgence.
Principale référence :
F. Ramade et H. Roche, "Effets des polluants sur les écosystèmes récifaux", La Terre et la Vie - Revue d’Écologie, Janvier-Mars 2006, Tome 61, n°1.